J' ai vécu l' ouragan COOK
LUNDI 10 AVRIL 2017
8:30 - Je me rends chez mon kiné pour soigner ma tendinite à l'épaule qui m'ennuie depuis 18 mois. Au bout de 34 séances, je commence à sentir une nette amélioration.
Nous parlons du cyclone ERIKA de 2003, qui avait fait des ravages, des précautions à prendre ainsi que de son vécu car il était en bateau à ce moment là. N'étant sur le territoire calédonien que depuis 10 mois, tous les conseils sont les bienvenus et j'enregistre religieusement chaque mot.
9:30 - En toute logique, j'ai pris mes affaires pour me rendre sur la base militaire toute proche pour y pratiquer mes activités manuelles. L'alerte 1 ne devrait être instaurée qu'à partir de midi. Après un appel restait vain pour savoir si les locaux sont ouverts, je change mes plans et décide de faire un saut à la superette du coin pour y acheter des croquettes, car, en dehors de la mimine venue trouver refuge chez nous depuis 2 mois, un chaton est devant ma porte depuis hier. Apeuré, affamé, il est dur à apprivoiser mais la tempète se lève et je ne peux l'ignorer.
10h - Je suis à la maison, les animaux aussi et je m'atèle à scotcher les baies vitrées sans stress, car je ne mesure pas encore l'ampleur du phénomène. La veille, nous avions constaté une invasion inhabituelle d'énormes cafards sortant des plaques d'égouts. Ont-ils un 6e sens?
Sur les forums, aucune panique. Certain s'amusent même à dire que cela ne sera qu'un "petit mistral".
Bon, si ce n'est que ça et que le cyclone nous contourne, pas de réelle crainte à avoir. Je remplis quand même la baignoire, au cas où !
Nous partons en vacance jeudi pour 10 jours en Australie et je cuisine ce qu'il me reste dans le refrigerateur, histoire de ne rien laisser périr. Le congélo, lui, est bien rempli car le combiné précédent a laché il y a 3 semaines, et il a fallu refaire le plein de surgelés. Par précautions, j'y ai mis un sac de glaçons, au cas où !
Le vent et la pluie se lancent dans un ballet incéssant mais tant qu'il fait jour, c'est supportable.
Mes appareils électriques, téléphone, tablette, ordi sont chargés à bloc, au cas où !
La maison est la plus haute du village car elle est située sur une butte et surplombe l'aéroport. Ce qui l 'expose encore plus aux intempéries. Ca ne me rassure pas.
Les baies vitrées commencent sérieusement à bouger sous la force du vent et je décide de m'installer pour travailler dans la cuisine où les fenêtres sont plus petites.
1ere coupure électrique à 16:22, elle ne dure que 30 mn.
2e coupure à 17:12, elle dure 6 mn.
Selon les recommandations, nous avions acheté une mini radio à piles, au cas où ! Mais j'essaie de la régler et je ne ne prends rien - Aucun canal - Nada - Niet -
Bon, tout se passe bien, il faut PO SI TI VER.
Mon mari rentre. Il devait être en vacance mais vue la situation, il a préféré être utile au travail. Je continue à diffuser quelques infos sur FB et tenir au courant les enfants sur Messenger. J'ai débranché tous les appareils électriques dans l'après midi, au cas où!
Mais, vers 18:30, l'alerte rouge est activée et nous subissons une nouvelle et définitive coupure électrique.
C'est plutôt drôle, pour l'instant. Nous allumons des bougies et jouons aux cartes. Ca faisait bien longtemps ! La nuit est tombée et le vent et la pluie se renforcent. Je réchauffe notre dîner, à la casserole. Et oui, à l'ancienne car pas de Micro ondes, et soupons aux chandelles - Waouh, c'est romantique ! Nous sommes dans la 1ere phase du cyclone et n'avons pour seule musique que le bruit des éléments qui se déchainent autour de la maison, entourée de grilles, fort heureusement. Ca cogne, vibre, les baies vitrées font le ventre et chaque rafale s'annonce créchendo comme un moteur que l'on met en route. Puis plus rien, le calme. Nous devons être dans le coeur du cyclone. Et ca repart de plus belle, dans l'autre sens. Grace à sa 4G, mon mari met de la musique pour masquer le bruit mais cela ne fait que renforcer le stress car j'entends des bruits sourds, des choses qui tombent sur la maison, tapent sur les grilles, mais il fait nuit et il vaut mieux rester confiné. Là, je ne rigole plus du tout.
Vers 22 h, cela se calme un peu. Enfin ! Je décide d'aller me coucher en espérant que COOK ne change pas d'avis et ne décide de faire demi tour, ce qui est possible. Il semblerait qu'un arbre, un eucalyptus, soit tombé sur la maison, il tient en appui sur le grillage, la toiture et les panneaux solaires. Nous ferons les constats extérieurs demain, au jour.
Mardi 6:30 - Je me réveille et visiblement, l'électricité n'a pas été rétablie. Avant même de déjeuner, car il faut faire chauffer l'eau à la casserole....Pfffff, vive le progrès et le M.O. Je sais, c'est pas bon pour la santé mais avouons que c'est pratique. Question d'habitude.
Je sors donc pour mesurer l'ampleur des dégats. Autour de la maison d'abord puis, plus tard, dans le quartier. Beaucoup de branches sont tombées, des arbustes arrachés, le chaton, qui s'est réfugié sous la maison est toujours là. La voiture, dans son abri, n'a pas souffert.
Je déjeune, me prépare et m'équipe pour aller à la rencontre des voisins, voire si tout va bien, et chercher de la glace pour sauver le contenu de mon congélo.
Il est 8 h , les humains vont bien mais il y a du nettoyage. Les blue people vietnamiens, arraisonnés il y a 8 jours, au large de la calédonie, car ils péchaient des oloturies illégalement ont été parkés au pied de chez nous sous des tentes de l'armée. Dans l'urgence, les toiles ont été démontées la veille mais les structures métalliques ont soufferts. Les "prisonniers" eux, sont dans un bâtiment en dur. Tous les commerces sont fermés - Normal - L'alerte ne sera pas levée avant 12 h. Un seul voisin a du courant mais peut être pas pour longtemps et me propose de récupérer un peu de mon surgelé. Vers 9 h, je commence à déblayer autour de la maison et surtout sur le chemin pour sortir la voiture. Je trouve un cable entortillé dans des branches d'eucalyptus, c'est le téléphone. Bon, donc plus d'électricité, ni de téléphone. Et forcément, plus d'internet. Pendant 1 h, je tire, pousse et entasse tout ce que je peux. Malheureusement, certains morceaux d'arbres sont trop lourds et auront besoin d'être tronçonnés. Comme d'ailleurs, l'arbre tombé sur la maison. Une sirène retentit pendant une longue minute, mais, coupée du monde, je ne sais ce qu'elle signifie. Vu le vent qui souffle encore,j'espère que ce n'est pas le RE COOK - LOL - La chaleur et l'effort m'accabent. Je décide de faire une pause.
Souffler, boire et me doucher, je reprendrai cet après-midi. Je rentre alors et me lave les mains transpirées dans les gants - Plus d'eau - Pfffffff. Electricité, eau, téléphone, internet. Heureusement, j'ai ma réserve d'eau dans la baignoire. Mais pour combien de temps ? Trop c'est trop. Et là, je décide d'écrire ces quelques impressions personnelles afin de vous faire partager notre expérience cyclonique qui aura duré 24 h, avec des pointes de vent à 150 km/h.
12 h - Alors que des ouvriers tronçonnent les plus gros arbres, mon mari rentre et je fais chauffer le repas, déjà tiédi dans le frigo chaud. Le surgelé n'est plus très surgelé, il amène donc ce qu'il peut dans un congélateur professionnel de secours. L'eau est rétabli - ouf !
A 13 h , le frigo sonne le retour du courant. Merci oh dieu de l'électricité !
Et voilà, la vie reprend son cours. Il faut continuer à nettoyer. Les magasins vont réouvrir. L'alerte est levée. Ce soir ou demain, nous saurons qu'elles ont été les conséquences sur le caillou et l'évaluation des pertes matérielles, voire humaines. Mais pour cela, il nous faudra attendre le rétablissement de la ligne téléphonique pour internet ou le journal télévisé de 12 h demain, car nous recevons les programmes avec 1 jour de retard.
Puisque tout va bien et que des équipes "performantes" veillent au retour à la normale, je lance une machine à laver. Et crac, 14h20, nouvelle coupure - Rrrrrrr - Mais il n'est que de courte durée.
Dans l'après midi, mon mari rebranche avec un collègue la ligne téléphonique.
Vers 18 h, nous subissons une dernière coupure dûe à l'intervention des techniciens pour raccorder les dernières lignes. J'en profite pour cuisiner ce qui a dégelé. Cela finira en pot ou dans d'autres préparations. Mais un sac de nourriture est encore jeté (glace, pâte...)
Nous pouvons passer une soirée "normale".
Mais c'était sans compter l'arrivée de DONA le 8 mai
Non pas Alice mais un nouveau cyclone
L'alerte 1 est lancée dans le nord de l'île, le dimanche 7, depuis 23 H. Elle sera donnée à 14 H pour le sud.
Toute la journée, nous guettons les infos sur la trajectoire de ce nouveau cyclone ainsi que le déclenchement des alertes. Je remplis la baignoire et espère ne pas subir de nouvelles coupures d'électricité. Mon congéloooo !
La nuit se passe calmement et le mardi matin, nous sommes toujours en phase 1. Je me rends à ma dernière séance de kiné mais je vois que la population a pris ses précautions. Le supermarché est fermé ainsi que la poste. Je rentre donc et continue à guetter.
Il semblerait qu'il nous ait évité et qu'il passe sur les îles loyautés, encore. Les pauvres sont sacrément exposés sur la façade Est. Nous, nous sommes protégés naturellement par la montagne.
La journée puis la nuit se passent avec de légères pluies, mais pas de vent.
Mercredi matin, c'est terminé. Je vide ma baignoire, le ciel est gris, il pleut.
Les 2 chats sont toujours là, à nous mener à la baguette matin et soir pour réclamer leur repas.
Je consulte les commentaires sur le débat phase 1. Doit-on travailler ou pas ? Visiblement, c'est laissé à l'appréciation de chaque employeur et au bon sens de chacun. Week end, lundi férié, ici, ils ont tranché : NO JOB ! Mais il ne s'est rien passé.
Une nouvelle dépression est annoncée - ELLA - Jamais 2 sans 3 parait-il !
En discutant avec des anciens, il semblerait que lorsqu'il y a un cyclone, il ouvre le chemin à d'autres. Mais, l'eau se refroidissant, il perd de sa puissance avant d'arriver.
Cela n'était pas arrivé depuis 14 ans.
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